Quand la pierre perd sa matérialité. Pierres figurées et préfiguration de l'avenir dans les lapidaires grecs et romains

Cet article aborde le thème des lapides figurati, ou bien des pierres qui sont estimées comme contenant des images spontanément créées par la nature. Un examen attentif du corpus des lapidaires grecs et romains et des divers témoignages épars dans la littérature grecque des époques impériale et tardive, fait émerger des éléments utiles à la définition de l’identité des pierres figurées en tant qu’objets culturels. Elles se présentent comme des entités ambiguës : elles appartiennent au règne minéral, mais elles font allusion au monde animé ; de plus elles appartiennent à la réalité tangible, mais s’offrent comme objets bons à établir un contact avec la sphère surnaturelle. Dans le but de montrer les mécanismes de cette représentation, nous avons focalisé notre attention d’abord sur la question de la matérialité des pierres, surtout en relation à la notion de bigarrure et de luminosité, ensuite sur la valeur anthropologique des images minérales et sur leur relation avec l’invisible.