Cet article vise à analyser l’image des Allemands, du Kaiser et du Kronprinz, telle qu’elle ressort des journaux de tranchées publiés par les Poilus pendant la période 1914-1918. Il s’agit de rendre compte des stratégies de construction de l’ethos des combattants par la disqualification systématique de l’ennemi. Cette dernière se fonde sur une base émotionnelle qui fait appel à tous les sentiments les plus négatifs, à savoir au pathos. Dans la presse du front, cette opposition binaire sert à renforcer le sentiment d’appartenance à la nation française et le dédain de l’ennemi. À côté des argumentations sérieuses offertes pour démontrer la supériorité française contre la « Kultur » allemande, les Poilus excellent dans l’art de dévalorisation du Boche par le comique et le saugrenu, qui trouvent leur expression la meilleure dans les « gros mots ». Après une introduction générale sur la naissance de ces journaux, leur diffusion et objectifs, sur notre corpus et la méthodologie d’investigation, nous nous pencherons sur la notion de « gros mot », pour constater, à l’aide de plusieurs exemples (verbaux et iconiques), qu’elle inclut une valeur insultante et ironique aussi et qu’elle n’est pas restreinte aux mots que l’on considère comme tabous, mais aussi aux axiologiques péjoratifs, où l’association d’un mot à valeur neutre avec un adjectif négatif peut revêtir une connotation grossière.

Des « bochonneries » qui font rire : les Allemands vus par les Poilus dans les journaux de tranchées

TROVATO, LOREDANA
2013-01-01

Abstract

Cet article vise à analyser l’image des Allemands, du Kaiser et du Kronprinz, telle qu’elle ressort des journaux de tranchées publiés par les Poilus pendant la période 1914-1918. Il s’agit de rendre compte des stratégies de construction de l’ethos des combattants par la disqualification systématique de l’ennemi. Cette dernière se fonde sur une base émotionnelle qui fait appel à tous les sentiments les plus négatifs, à savoir au pathos. Dans la presse du front, cette opposition binaire sert à renforcer le sentiment d’appartenance à la nation française et le dédain de l’ennemi. À côté des argumentations sérieuses offertes pour démontrer la supériorité française contre la « Kultur » allemande, les Poilus excellent dans l’art de dévalorisation du Boche par le comique et le saugrenu, qui trouvent leur expression la meilleure dans les « gros mots ». Après une introduction générale sur la naissance de ces journaux, leur diffusion et objectifs, sur notre corpus et la méthodologie d’investigation, nous nous pencherons sur la notion de « gros mot », pour constater, à l’aide de plusieurs exemples (verbaux et iconiques), qu’elle inclut une valeur insultante et ironique aussi et qu’elle n’est pas restreinte aux mots que l’on considère comme tabous, mais aussi aux axiologiques péjoratifs, où l’association d’un mot à valeur neutre avec un adjectif négatif peut revêtir une connotation grossière.
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